« La traversée du fleuve »
Projet de court-métrage

Un atelier court-métrage avec les enfants des rues de Niamey, Niger. L’association Les Zahirs est partenaire de l’association Action pour les Jeunes Scolaires du Niger. Ensemble, ils organisent en Février 2010 un atelier à destination des enfants en rupture scolaire et familiale de Niamey, au Niger.

Encadrés par les associations, les enfants vont réaliser une fiction retraçant leur parcours jusque dans les rues de la capitale, et dévoilant leurs espoirs. Acteurs, techniciens, et auteurs, ils mettent leur vie en image. Les Zahirs réaliseront un documentaire sur la mise en œuvre de ce court-métrage. Il dressera le portrait de cette aventure humaine.

L’atelier participera à créer un lien de confiance entre les enfants et les adultes. Ainsi l’AJSN et ses partenaires pourront accompagner ces jeunes dans une démarche de re-socialisation à plus long terme.

Le court-métrage comme le documentaire seront des objets artistiques, mais surtout des supports de prévention et de sensibilisation. Ils seront projetés à la fin de l’atelier auprès des habitants de Niamey, mais plus largement au Niger et en France.

Téléchargez le dossier complet du projet.

mardi 23 février 2010

Journal de blog du 11 février

Première partie du tournage


Le premier jour de tournage au "local de l'AJSN"

La formation terminée, le grand jeu commençait. Il fallait se lancer dans l'aventure , et en terme d'aventure, nous n'avons pas été déçus.
Pour débuter la première journée de tournage, nous avions choisi un lieu en intérieur que nous connaissions bien car c'est l'ancien atelier de Djibril que nous avons configuré en "local de l'AJSN
".
Notre célèbre réalisateur Adamou a pu faire retentir son cri de tournage : "Silence-moteur-Askion" ce qui entraînait un fou rire garanti de Hama qui s'occupe de la perche pour la prise de son. Le premier plan est dans la boîte...



Un tournage n'est pas un long fleuve tranquille pour l'équipe technique et la régie car tout est à aménager et à bricoler : pas de "mandarines", mais qu'à cela ne tienne, nous avons récupéré un vieux projo, pas de panneaux réflecteurs, aluminium et polystyrène feront l'affaire... La grande perche s'est faite décapitée par un ventilo sournois. Plus de peur que de mal...

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Le deuxième jour de tournage : au carrefour "grand hôtel"

a été plus tendu...


Séquence en extérieur avec de surcroît une quinzaine de figurants enfants et jeunes en difficultés, qui n'avaient pas l'habitude de travailler avec l'AJSN et donc beaucoup plus difficiles à gérer.



Durant la pause repas que nous prenions dans la cour d'une société, un jeune qui ne faisait pas partie du tournage de la journée est venu perturber la tranquilité en essayant d'apporter de la colle à nos amis. Finalement, c'est Adamou qui est intervenu pour récupérer la boîte de colle pour que Boubé la confisque. Le reste du tournage de la journée a été encore plus dur car la scène du repas avec l'éducateur s'est transformée en pugilat.



En effet, le même jeune qui nous avait agacés durant la pause et que nous avions malgré tout incorporé dans le projet, a arraché le plat en plein tournage et nous n'avions plus de quoi le remplir pour rejouer la scène... (Dans ces cas là, il faut se répéter la phrase magique en Zarma:" Kala Sourrou" : soit patient!)
De plus, la scène que nous jouions dans
un square aux alentours du carrefour grand hôtel attirait beaucoup de badauds curieux qui ne comprenaient pas forcement la nécessité de faire un silence absolu et ne parvenaient pas à réfréner leur rire sur certaines séquences cocasses.




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Le troisième jour de tournage
à l'atelier de couture



Animation avec les enfants du quartier lors du tournage de la séquence de Sanoussi à "l'atelier de couture"





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Le quatrième jour : La famille d'accueil














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Le cinquième jour : "l'arrivée à l'écogare"

Un écueil sérieux s'est malgré tout produit lors de la journée de tournage à l'écogare malgré les préparatifs et les autorisations officielles. Nous avons dû interrompre rapidement le tournage d'une scène car les chefs de lignes et les boutiquiers commençaient à mettre la pression et cela risquait d'entraîner une éventuelle bousculade. A la demande du policier qui assurait la sécurité du plateau en plus d'une équipe de "gros bras" que l'AJSN avait appelée en renfort, Aziz et Florent ont décidé du retrait immédiat de l'équipe. Nous avons du aménager ensuite le scénario et trouver d'autres lieux de tournage plus confortables. Péripétie de tournage liée au fait que les vendeurs pensaient que nous avions donné de l'argent à l'administration et pas à eux et aussi par le fait qu'il s'imaginaient que des "blancs" venaient "voler" des images du pays pour les revendre au dehors.

Rajoutez à cela une température caniculaire aux heures chaudes de la journée et vous trouverez une équipe technique sur les rotules.




Cependant, au fur et à mesure des jours de tournage, le plaisir que nous prenions à voir évoluer nos jeunes dans leur rôle technique ou d'acteur, réconfortait nos petits bobos et nos coups de chaud.






Les Zahirs
Florent, Maxime

vendredi 19 février 2010

Journal de blog du 19 février 2010

Bonjour à tous,
Nous tenons à vous rassurer sur notre situation à Niamey. Nous allons bien et sommes en sécurité ainsi que nos amis de l’AJSN.
En raison d’une crise politique larvée qui durait depuis plusieurs mois, l’armée s’est « positionnée » pour recadrer la situation. De manière un peu paradoxale, c’est l’armée qui se désigne comme garante du maintien de la démocratie, de la stabilité et de l’unité du pays lorsqu’elle estime qu’il y a une menace.
Au demeurant, la reprise du pouvoir par les militaires qui a eu lieu hier après midi n’a impliqué qu’une partie de l‘armée contre la garde présidentielle et les combats se sont cantonnés à la zone du palais présidentiel ou se trouvait le gouvernement et le président qui ont été arrêtés.
D’autres événements de cette nature étaient déjà survenus avant la période de 10 ans de stabilité politique que le Niger avait connu. A chaque fois, les phases belliqueuses sont restés relativement limitées en violence et en durée et la population civile qui n’intervient pas est préservée. Chacun a fermé sa boutique et est retourné chez lui en attendant le communiqué officiel qui est intervenu le soir. Le Niger reste un pays pacifique peu enclin aux débordements violents et fort d’une expérience de dialogue et de médiation.
Nous nous sommes évidemment inspirés de cette prudence et du flegme Nigérien en restant au calme dans notre villa, à boire le thé traditionnel et l’oreille branché sur Rfi. Ce fut aussi l’occasion pour nous d’observer les analyses et les ressentis des nigériens de notre entourage face à un événement historique qui touchait leur pays. Cette après midi a laissé un sentiment étrange de « mouvement immobile ». Dit autrement, il se déroulait des événements importants, mais nous n’en percevions aucun signe direct. Ce décalage se faisait encore davantage ressentir par le fait que nous sommes en pleine phase de montage, enfermé dans le calme monastique de la salle de montage que nous avons aménagée.
Pour encore plus de prudence, nous nous sommes signalés à l’ambassade et au service consulaire pour recueillir les consignes et indiquer notre localisation précise.

Il est difficile d’anticiper les conséquences de cette crise sur le déroulement du projet tel qu’il était initialement prévu jusqu’au 26 février. Cependant, il est vraisemblable qu’il faille réaménager certaines démarches en raison de la conjoncture. La projection-vernissage du court métrage sera certainement reporté en avril pour que les nouvelles autorités puissent être présentes. En attendant, nous allons tout de même organiser une première projection dite « en avant première » avec les enfants, les parrains de l’AJSN, les partenaires, les structures intervenant dans le cadre de l’aide aux jeunes en rupture scolaire et familiale. Malgré la situation, nous avons poursuivi l’atelier avec les jeunes du groupe chez nous aujourd’hui et pensons pouvoir continuer jusqu’à la fin du montage et la projection.

Désolé de ne pas pouvoir alimenter régulièrement le blog, par manque de temps et en raison d’une connexion internet défaillante. Les articles en cours viendront nous l’espérons prochainement.
Nous profitons au maximum de cette expérience et malgré la fatigue du travail, nous sommes ravis.

Nous nous sommes équipés d’une ligne fixe dont le numéro est le suivant depuis la France : 0022721888531
L’AJSN-les Zahirs
Florent

jeudi 11 février 2010

Journal de blog du 4 février

La Formation

Sitôt arrivés, sitôt au boulot.
Mardi 2 Février a débuté la formation audiovisuelle de notre jeune équipe. Il était prévu que chacun des jeunes soit encadré par un membre de l’AJSN, mais finalement, il a été difficile pour certain de se libérer de leurs obligations professionnelles aussi longtemps. Qu’à cela ne tienne ! Il en faudra plus pour nous arrêter.

Nous nous sommes divisés en 2 groupes. D’un côté Julien et Maxime qui faisaient les repérages pour préparer le tournage, de l’autre Xavier, Florent et moi pour gérer la formation.

Nos gaillards ont débarqué à la maison de Talladjé (ou nous résidons) à 9h30.
Bilali, Mohamed, Gado, Hama et Adamou ont commencé par prendre un niébé matinal. Ils nous ont gentiment proposé de partager leur plat, mais je dois dire que nos estomacs d’européens ont eu du mal à leur rendre la politesse.


Le ventre rassasié, le tour de présentation effectué, nous commençons par une rapide présentation théorique de ce qu’est un tournage et du rôle qu’ils devront tenir. La première difficulté a été la traduction. Ils parlent le Zarma, nous le français, et au début, il n’y avait que Mimi (membre de l’AJSN) pour traduire.
Nous leur avons ensuite présenté le matériel. Alors qu’ils étaient presque sur le point de s’endormir suite à la partie théorique,

ils ont bondi, et se sont saisi des caméras et micros avec une joie communicative.

Pendant trois jours, nous avons fait des exercices pratiques sur la base du scénario pour les entraîner. Franchement, on partait de loin. Chaque jour on y ajoutait une difficulté technique, chaque jour ils nous ont épaté.











Adamou, le jeune réalisateur, a lancé une nouvelle mode. Avant de commencer à tourner les images, nous leur avons appris le petit rituel : « Silence, Moteur , Ça tourne, Action ». Mais il n’y a rien à faire, Adamou crie « Askion ». Ce qui a pour conséquence de faire hurler de rire le reste de l’équipe. Notamment Hama, le perchman, qui commente régulièrement l’action filmée.













L’équipe trouve petit à petit son rythme de croisière. Adultes et enfants échangent et partagent de vrais bons moments. A part pour Florent qu’ils connaissaient déjà, ils nous ont tous trouvé un prénom local. Maxime : Ousseini, Julien : Hassan (frère jumeau de Ousseini) Adrien : Ari Ké (canne à sucre), Laetitia : Latifa

Au bout de ces trois journées, on les sentait plus à l’aise, plus en confiance.

Mais bien sûr il faudra encore les guider sur le tournage.

Laetitia, alias Latifa.
Photo de groupe le soir de la remise des tenues du tournage

Journal de blog du 31 janvier


L'Accueil de Niamey

Après un voyage éprouvant et 24 heures de retard, nous sommes finalement arrivés à Niamey dans la nuit du samedi au dimanche avec un comité d’accueil nocturne par les membres de l’AJSN.

Notre première journée africaine, nous l’avons passée au bord du fleuve sur la plage de la pilule. La rencontre festive a réuni les 5 enfants du groupe du tournage du court métrage, une trentaine d’enfants qu’ils côtoient dans la rue, ainsi que les membres de l’AJSN et les partenaires du projet.
Après avoir inauguré l’ouverture de l’atelier court métrage et fait des petits jeux de présentation, une première partie de foot sur la plage a eu lieu pour permettre à chacun de se défouler. Les équipes mixtes Nigéro-françaises ont bien rivalisé pour donner un spectacle épique et passionné sur le rythme du djembé.
Ce fût ensuite le moment de la répétition générale des scènes du film pour une représentation publique sous l’ombre verte et protectrice de la frondaison des arbres.
Repas avec le Niébé, thé, foot, baignade et visite d’une source naturelle ont encore ponctué cette délicieuse après midi avant que nous ne rentrions en chanson dans le mini bus affrété pour l’occasion.
Ce premier jour à été le début de l’initiation africaine pour quelques un d’entre nous et pour moi, ce fut aussi l’occasion de chaleureuses retrouvailles après une absence de 8 mois sur le sol nigérien.

L’AJSN-les Zahirs

Florent

mardi 9 février 2010

Escale à Alger


Escale à Alger.

Notre vol comportait une escale à Alger, simple formalité de voyage… ???
A notre arrivée, nous avons été conduit dans la « zone de transit » ou nous pensions n’y rester que deux heures. Nous nous sommes vite rendu compte que notre vol était retardé de quatre heures. Pour faire passer le temps, nous avons alors sorti les cartes pour jouer à la belote. Au bout d’une heure de retard sur l’heure prévue du vol retardé, le chef d’escale de garde cette nuit là nous informa que notre vol était finalement annulé sans nous donner plus de renseignements ! Ce fut inadmissible pour tous les passagers de notre vol dont les esprits commençaient à s’échauffer car nous ne savions pas combien de temps nous allions devoir rester en escale, et tout particulièrement pour un nigérien de retour au bled pour l’enterrement de son père qui avait lieu le lendemain. Mais une fois les nerfs apaisés, tous le monde s’est réunit autour d’un même plateau repas servi par air Algérie (au total nous avons mangé trois fois le même menu).
La nuit fût longue mais le sommeil court avec une centaine de partie de belotes remportées au général par Maxime et Adrien !!!
Le lendemain matin, après une « lutte » de Florent entre deux chefs d’escale on nous a finalement accordé le salon réservé aux premières classes pour se mettre au calme. Après de multiples délégations de passager auprès des chefs d’escale et un contact auprès de l’ambassade de France, nous avons eu la confirmation qu’un nouveau vol allait être affrété vers vingt heures, énième promesse qui aura été finalement tenue car c’est à vingt heure que nous nous sommes envolé pour notre destination finale : NIAMEY !!!

Les Zahirs
Adrien

mercredi 3 février 2010

Journal de Blog du 29 janvier "Jour du départ"


Journal de Blog

le 29 janvier 2010
« Jour du départ »


Après le tourbillon de l’action et des multiples préparatifs qui ont tyrannisés nos 24 fuseaux horaires, nous sommes maintenant à quelques encablures de la réalisation d’une aventure que nous avons rêvée et portée ensemble entre le Niger et la France.
Il convient de forcer une halte pour observer le chemin parcouru et revenir sur le sens de notre action depuis qu’une petite graine d’idée a germé.
Ce chemin déjà réalisé, nous le devons à tous ceux qui nous encouragent depuis plusieurs mois et qui ont trouvés un même écho à nos mots passionnés et dans la lumière qui habite nos regards.
Merci aussi à tous ceux qui ont bravé un froid sibérien en participant à la soirée de soutien du 9 janvier. Votre présence a réchauffé nos cœurs ! Cela a été le véritable lancement officiel de l’action et l’argent récolté va concourir à donner une meilleure qualité pédagogique et logistique à ce projet.

Les objectifs sont multiples : proposer un atelier attractif aux enfants, les revaloriser, les amener à envisager une insertion, produire des supports audio visuels de sensibilisation sur la problématique des enfants en difficulté appelés communément « enfants de la rue » mais que nous préférons identifier comme « enfant en rupture scolaire et familiale ».

Notre éthique a conduit à ce que les enfants acteurs et techniciens impliqués dans le projet bénéficient d’un accompagnement éducatif en amont et en aval de l’atelier. Les supports produits (court métrage et documentaire) montreront certes la « réalité » de la situation de ces enfants mais sans entrer dans un misérabilisme malsain et stérile. Nous voulons vous les faire découvrir tels que nous les connaissons, c'est-à-dire des enfants en très grande difficulté mais pouvant aussi se montrer facétieux, lumineux, généreux, doux et violents, et qu’il suffit de regarder avec bienveillance pour qu’il s’ouvrent entièrement et chaleureusement à la relation. Derrière les haillons, pour celui qui sait voir se trouve l’humanité. Et cette humanité n’est pas réductible tout comme le potentiel du devenir d’un enfant !

Mais à présent que nous volons vers le Niger, ayant bouclé notre check-list de tous ce qui était nécessaire à prévoir, nous ouvrons une nouvelle page et nous ne savons pas vraiment ce que nous allons vivre de rencontre et d’amitié.
L’aventure humaine commence là, elle ne se prépare pas, elle se vit !

Les Zahirs
Florent